terça-feira, 23 de março de 2010

La souffrance est un remède

"Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés"

Ces vers de Baudelaire expriment une vérité amère mais essentielle.

Personne n'aime la souffrance. Et moi, qui écris ces lignes, pas plus que ceux qui les liront. On la redoute plus que jamais dans ce siècle qui vit sous le signe du bien-être et de la sécurité. On s'empresse d'avaler un cachet, au moindre commencement de douleur physique et, dans l'ordre moral, on constate un refus généralisé des risques et des responsabilités.

Mais on a beau la fuir, l'heure où elle nous rejoint finit toujours par sonner. Et ce poison apparent contient un remède secret.

"C'est en souffrant qu'on apprend" affirme un tragique grec. Et l'Ecriture sainte nous dit: "Celui qui n'a pas souffert que sait-il?"

Quels sont donc les bien-faits de la souffrance?

La souffrance nous révèle nos limites. Limites physiques s'il s'agit des souffrances du corps, limites morales s'il s'agit des douleurs de l'âme ou de l'échec de nos entreprises. et, par là, elle nous enseigne la modestie. Car la santé; le succès, le bonheur sont des flatteurs: l'homme à qui tout réussit ne voit plus ses faiblesses et ses lacunes; il se croit tout permis et tombe facilement dans cette "démesure"qui, selon les anciens Grecs, est la source de tout les péchés.

La souffrance, en nous privant des plaisirs superficiels qui fascinent si souvent les gens heureux, nous aide aussi à découvrir les valeurs profondes qui sont les sources du vrai bonheur: la méditation, l'amitié (c'est dans l'épreuve qu'on reconnaît ses vrais amis, disaient les Romains), les vertus morales et religieuses.

Elle nous enseigne enfin la compassion à l'égard du prochain. On comprend d'autant mieux la souffrance des autres qu'on a connu soi-même des épreuves identiques. Pour citer un exemple très banal, je me souviens de mon grand-père qui, jusqu'à 60 ans, n'avait jamais eu mal aux dents. Fort de cette immunité, il n'était pas loin de considérer ceux qui souffraient de cette affection comme des malades imaginaires. "Mal aux dents, mal d'amour", disait-il en haussant les épaules. Vint enfin le jour où il eut une bonne crise dentaire---et, à partit de ce moment-là, il cessa de rire des douleurs des autres...

Telles dont les grâces qui nous viennent par la souffrance. Elle nous rappelle à l'ordre voulu par Dieu et que nous violons trop souvent par ignorance et par présomption; elle exerce une action purgative qui nous débarrasse des éléments impurs et superflus de notre existence, et, par là, si nous savons profiter de ses leçons, elle nous conduit vers une paix et un bonheur supérieurs, ignorés de ceux qui n'ont pas souffert.

Ces pourquoi, au lieu de la repousser comme un mal, nous devons, quand Dieu nous l'envoie, l'accueillir et l'utiliser comme un remède. On ne refuse pas un remède; on ne le pren pas non plus pour son plaisir: on s'en sert comme d'un moyen pour revenir à la santé.

Fonte: Revista "Itinéraires" (Billets, 26 novembre 1976)