quinta-feira, 11 de julho de 2013

Y a-t-il une Vérité? (II - Final)

Pourquoi l'esprit serait-il en nous la seule faculté ouverte sur le néant?

Il y a une vérité. Elle a trop de masques pour ne pas avoir un visage, trop de caricatures pour ne pas avoir une forme. Pourquoi l'esprit serait-il en nous la seule faculté ouverte sur le néant? Saint Thomas disait qu'un désir naturel ne peut pas être vain. Si un mouton désire de l'herbe, il peut en manquer, mais ce désir de l'herbe qu'il porte en lui prove déjà que l'herbe existe quelque part. Mais cette vérité --- et c'est qu'on oublie trop aujourd'hui --- ne dépend pas de l'homme: il la reçoit, il ne la crée pas, il n'en est pas la mesure. Celui qui la cherche au niveau de l'homme --- de ses passions, de ses goûts, de ses moeurs, de ses morales, de ses politiques --- devient fatalement un fanatique ou un nihiliste. Les vérités humaines sont si diverses, à la fois si sincèrement vécues et si opposées! Pascal, qui était sceptique au sens où il convient de l'être, je veux dire sceptique à l'égard de nos vérités relatives par pressentiment de la vérité absolue, Pascal l'a dit une fois pour toutes: "Vérité en deçà des Pyrènées, erreur au-delà." Nous sommes tout à fait d'accord. Mais pour dire cela, il faut pressentir une vérité pour laquelle il n'y a pas de Pyrénées... Comment pourrions-nous juger qu'une vérité n'est vraie qu'en partie et dans certaines conditions, si ce n'est par référence implicite à la vérité absolue?

Chaque homme se raccroche à l'une ou à l'autre des parties de la Vérité inaccessible dans sa totalité. Et nous nous blessons aux limites de ces vérités partielles. Si nous souffrons, parfois jusqu'au désespoir, de ne pas atteindre la Vérité, c'est que nous sommes faits por elle. Si nous remplaçons par tant de faux dieux le Dieu que nous avons tué, si l'idolâtrie devient de plus en plus une nécessité vitale, c'est que, refusant la nourriture, nous avons gardé la faim. "Quand on ne croit plus en dieu, dit Chesterton, ce n'est pas pour croire en rien, c'est pour croire à n'importe quoi." Nietzsche au moins a été logique en poussant jusqu'à la folie le refus de Dieu et le scepticisme intégral qui en découle: le suicide de l'intelligence prouve son ordination à la vérité comme le suicide physique prouve l'âme et sa destination à l'éternité. La bête ne doute pas, elle ne désespère pas, et elle ne se tue pas: il faut être au-dessus du temps pour en arrêter le cours...

Chercher la vérité au niveaus de l'humain engendre aussi la révolte. En cela, notre siècle est servi à souhait: comment ne pas douter de tous les idéals et de toutes les vertus quand, n'ayant plus de caution divine, on voit ce qu'ils recouvrent dans l'homme et à quoi l'homme les fait servir. Les freudiens et les marxistes ont beaucoup insisté sur ces points: pour les uns, compromis entre la libido et le surmoi, et pour les autres, mystification idéaliste. Mais quoi? Si vous me dites que la morale bourgeoise vous révolte, je vous répondrai: "Qu'est-ce donc qui se révolte en vous, si ce n'est l'appel vers une pureté, une authenticité, une "vertu" que la morale bourgeoise, ou plutôt l'homme bourgeios, affirme et trahit en même temps?" Au reste, si vous niez la vérité parce que l'homme la trahit, on peut appliquer le même traitement à la morale révolutionnaire: que dissimule-t-elle? Il est facile d'y reconnaître des instincts comme l'agressivité (pourquoi luttez-vous? Parce que vous avez envie de lutter...), l'instinct destructeur (qui fait pencher pour la grande solution de facilité...), le principe de plaisir (dans la révolution sexuelle), etc.

Même un Sartre affirme encore sa foi en une vérité quand il distingue l'homme de bonne foi de l'homme de mauvaise foi --- cet homme qu'il appelle, en termes plus énergiques, "le salaud". Car dans une philosophie complètement relativiste, il serait impossible de faire cette distinction. Si on dénonce le mensonge, ce ne peut être qu'au nom de la vérité. Alors, après cela, comment ose-t-on tirer argument du mensonge pour nier l'existence de la vérité? D'abord, on reconnaît le mensonge dans le miroir de la vérité, ensuite, on casse le miroir! Mais si tout est mensonge, votre haine du mensonge n'est qu'un mensonge de plus!

Le drame de l'homme est de ne pouvoir échapper à son juge intérieur: il peut le tromper, il ne peut pas le récuser. La conscience morale, qui crée en nous ce besoin de vérité, est indestructible...

Oui, il y a une Vérité, il y a la Vérité. La Vérité est une. Devant tant de négations accouplées à tant d'idolâtries, devant ce maquis de vérités partielles qui s'entre-dévorent, nous devons affirmer l'existence d'une vérité transcendante à tout et qui embrasse tout. Nous la devinons par transparence dans l'ordre de l'univers et nous la sentons en nous, dans cet appel vers une pureté et une perfection qui nous manquent. Vous connaisez la belle formule de Kant: "Le ciel étoilé au-dessus de nos têtes et la loi morale en nous".

Cela dit, nous n'admettons pas la séparation kantienne entre la raison pure et la raison pratique. Le fait que nous ne puissions rien percevoir hors du temps et le l'espace, ni rien penser hors des structures de la pensée, ne prouve rien contre la réalite objective des choses perçues et pensées. Par exemple, nous ne voyons que par nos yeux: depuis quand cela doit-il signifier que ce que nous voyons n'existe que dans nos yeux? Nous ne respirons que par nos poumons, nous ne digérions qu'avec notre estomac: cela prouve-t-il quelque chose contre la réalité de l'air et de l'aliment? L'isolement de l'inteligence depuis Kant (peut-être depuis Descartes...) qui contrait l'intelligence à l'autophagie --- la pensée condamnée à penser la pensée au lieu de refléter l'être --- est le grand schisme du monde moderne. L'être féconde la pensée, mais, si l'on coupe la pensée de l'être, elle ne remonte pas à partir d'elle-même jusqu'a l'être.

Le reflet de l'être dans la pensée, c'est ici l'intuition irréductible d'une vérité totale --- même inconnue, même inconnaissable --- qui permet de sauver toutes les vérités partielles, en les situant à leur niveaus et dans leurs limites. Cela est vrai par rapport à... dans la mesure où... Hors de cette intuition régulatrice, on ne sait plus faire la part du vrai dans les choses, soit qu'on érige la vrais relatif en vérité absolue, soit que, par réaction, on le nie absolument. Simone Weil faisait remarquer que la métaphysique de Platon accorde sa place à la psychanalyse en tant que science, tandis que la philosophie freudienne élimine la métaphysique de Platon... Le regard d'en haut reconnaît l'existence des choses d'en bas, le regard d'en bas dénie l'existence aux choses d'en haut...

L'homme qui aime la vérité est toujours en marche.

Un adage oriental, qui est aussi très chrétien, dit ceci: "Celui qui cherche la Vérité est un sage, celui qui croit l'avoir trouvée est un fou, car la Vérité est un lieu où l'on n'arrive jamais." Le vrai devient faux quand on s'y arrête, quand on s'y installe... L'homme qui aime la vérité est toujours en marche, car on va à la Vérité comme saint Grégoire de Nysse dit qu'on va à Dieu: "par des commencements sans fin" --- Dieu à qui il sadresse ainsi: "Ô toi, l'au-delà de tout!

Et on ne va pas à la Vérité --- à cette Vérité unique et transcendante qui fonde les vérités --- seulemente avec l'intelligence, on y va avec tout son être. "Il faut aller à la vérité de toute son âme" nous dit Platon. Certes, l'intelligence est en nous la faculté du vrai, mais elles a besoin, pour s'exercer et s'épanouir, du concours de nos autres facultés. Nous touchons ici à la distinction scolastique, qui me paraît essentielle, entre l'ordre de spécification et l'ordre d'exercice. Par exemple, les poumons sont l'organe spécifique de la respiration, mais tout de même, ils ne suffisent pas pour respirer: si je pendais mes poumons tout seuls dans le vide, eh bien! c'est bien simple, ils ne respireraient plus. Et pourtant, on respire par les poumons... De même, si je me séparais de mon intelligence, si je la laissais se débrouiller toute seule, elle n'arriverait ni à la Vérité ni à rien du tout: elle ne fonctionnerait plus.

Bien sûr, par la réflexion philosophique nous pressentons déjà que, sans la Vérité absolue --- cette Vérité inconnue et inconnaissable ---, toutes les choses connues ou à connaître ne sont qu'apparences dépourvues de sens. Mais la réflexion philosophique est comme un premier pas vers la Vérité, et on doit nécessairement aller au-delà, on doit se donner tout entier, dès lors, il ne s'agit plus de réflexion pure mais de vie, de participation totale --- et donc d'amour. Ce n'est que par l'amour qu'on dépasse les apparences. "La vie est un songe, dit Calderón, un songe auquel on n'échappe que par l'amour."

Pour nous, chrétiens, cet amour qui déchire la trame des apparences se nomme foi et charité; c'est une adhésion à un ordre de choses qui transcende le domaine de l'expérience et de la pure rationalité; c'est une aprticipation, par consentemente au mystère, à la vie divine, et par conséquent à la Vérité suprême. Autrement dit, nous sortons du rêve pour entrer dans le mystère, nous nous détournons des fausses lumières pour pénétrer dans la nuit. Une nuit où l'intelligence, unie à la foi, "s'efface en s'exerçant", comme dit Simone Weil. Voyez les métaphores de la nuit chez tout les mystiques...

isi s'insère le prodige de la médiation divine. Dieu vient à notre rencontre, Il descend vers nous dans la personne de son Fils, Il se fait homme, Il se fait notre frère. Le Christ est le trait d'union entre notre infime esprit humain et le mystère de Dieu. "Je suis la Voie, la Vérité et la Vie." dans un petit livre fort peu connu, qui a été écrit sur Charles Du Bos, on cite une phrase admirable trouvée dans une lettre de labbé Zundel à Charles Du Bos, qui était alors très malade, une phrase qui dit tout en peu de mots: "Abandonnez-vous à travers le Christ à tout ce qu'il y a d'inconnu en Dieu."

Enfin, si, pour reprendre l'image de Platon, l'âme est un miroir --- un miroir dont l'essence est plus dans l'object réfléchit que dans la matière qui le compose ---, eh, bien! c'est simple: il suffit de nettoyer le miroir pour que Dieu apparaisse. C'est le sens du mot de l'Évangile: "Bienheureux les coeurs purs." Suivre l'enseignement du Christ, c'est se rendre assez pur, assez pauvre (désencombré des biens de ce monde), pour laisser Dieu entrer en nous. Et je conclurai par cette parole de Simone Weil: "Au lieu de chercher à savoir si Dieu existe, il faut se mettre intérieurement dans une situation où Dieu, s'Il existe, ne peut manquer de venir à nous."

segunda-feira, 8 de julho de 2013

Y a-t-il une Vérité? (I)

Ce texte a été établi d'après um enregistrement dactylographié (Lyon,1956) et le canevas manuscrit d'une conférence portanto le même titre, mais três postérieure à cet enregistrement. Conférences données sous ce titre dans les annés 1950, 1960 et 1970.

Je pense, au moment de m'adresser à vous --- pour vous parler d'um si grand sujet ---, je pense au mystère de la parole: on l'adresse aux autres, ele est comme une graine qu'on jette em eux, qui va s'y transformer, et on ne sait pas ce qui lèvera dans leur coeur. C'est une génération équivoque, comme disent les scolastiques. Cela devrait nous rendre três modeste. Il me souvient d'une fois où, après une conférence --- c'était em Suisse je crois ---, une dame est venue me trouver et m'a dit: "Monsieur, je vous dois tout. C'est une frase que vous avez dite, il y a quatre ans, qui m'a convertie. Maintenant, je suis baptisée, je suis heureuse." "Quelle était donc cette phrase, madame?" lui ai-je demande. Alors, ele m'a cité ma phrase, mais à l'envers! Elle avait compris le contraire de ce que je disais... Eh bien, le Saint Esprit devait soufller à ce moment-là, et il vaut mieux que nos pauvres paroles!

Nous avons donc à répondre à cette question, aussi imparfaitement qu'un homme peut le faire: y a-t-il une Vérité? La Vérité existe-t-elle?

Au-delà des vérités, y a-t-il une Vérité?

Quelle que soit la définition qu'on donne du réel, il y a une affinité entre le réel et l'esprit de l'homme: l'esprit de l'homme a prise sur le réel; nous pouvons penser des choses vrais. Là-dessus, tout le monde est d'accord. Vous connaissez la définition du vrai par Aristote: adequation rei et intellectus ("adéquation entre les choses et l'intellignece"). Il y a donc des vérités, mais nombreuses, partielles, relatives. Et il y a aussi une échelle de ces vérités, elles ne sont pas toutes du même ordre:

--- La vérité matérielle concerne le témoignage des sens et se prolonge dans la vérité scientifique qui redresse, coordonne, approfondit le témoignage des sens, découvre les lois de la nature. Elle ne révèle pas le mystère du monde sensible, et son symbolisme profond lui échappe; mais elle en démonte et elle en exploite les mécanismes. Cette vérité scientifique évolue sans cesse: elle est approximative, mouvante, relative, indéfiniment perfectible, de Ptolémée à Einstein, d'Hippocrate à la médecine moderne... "La science cherche le mouvement perpétuel, dit Hugo, elle l'a trouvé: c'est elle-même!"

--- La vérité psychologique ou affective: les "sentiments vrais" sont des sentiments authentiques. Si je dis authentiques et ne dis pas sincères, c'est que la sincérité n'a rien à faire là-dedans: on peut être sincère tout en se mentant à soi-même. Quant à l'étude des sentiments d'autrui, ici, tout est question d'interprétation: on les interprète selon l'idée qu'on se fait de l'homme. Comme dit Gabriel Marcel: "Tout est vrai en psychologie". Où est la vérité psychologique de Don Juan? Les uns verront en lui un mystique dévoyé, les autres un infantile pervers...

--- La vérité morale: elle inspire le juste dans sa conduite, une conduite conforme à la fois aux lois de l'harmonie intérieure personnelle est aux lois de l'harmonie sociale.
Mais la morale dépend des époques, des lieux, des religions, etc.

--- La vérité esthétique: on parle d'une "oeuvre vraie" par opposition à une oeuvre artificielle. c'est-à-dire fabriquée (avec tout le talent et l'habileté qu'on voudra...) Mais pourquoi Hugo sonne-t-il faux aux oreilles modernes, como Racine sonnait faux aux oreilles de Hugo?

--- La vérité métaphysique: elle porte, au-delà des phénomènes et des apparences, sur les causes premières et dernières. Mais cette vérité est incomplète et fragile: l'homme n'est pas qu'une intelligence...

Et la question demeure: au-delà des vérités multiples, partielle, relatives, provisoires, y a-t-il une Vérité? Une vérité absolue, une vérité en soi dont dépendent les vérités relatives --- une vérité totale dont dépendent les vérités partielles, une vérité éternelle dont dépendent les vérités éphémeres et mouvants? Une vérité dont l'intuition obscure en nous soit le critère qui nous permet d'apprécier les autres vérités, de les situer, de voir leurs limites et leur hiérarchie: ce "point fixe" de Pascal, sans lequel tout les mouvements se contredisent les uns les autres?

Y a-t-il donc au-delà des apparences, du temps, de la mort, un esprit qui embrase dans son unité la totalité de l'Être et des êtres? Une intelligence à la mesure de toute chose? Un dieu? Le problème de la Vérité n'est pas autre chose, en définitive, que le problème de Dieu. C'est un problème théologique, même dans l'ordre naturel. Il s'agit de savoir si la vie a un sens ou bien si, selon le mot de Shakespeare, "la vie est une histoire racontée par un idiot et qui ne signifie rien".

Au fond, cette vérité, tout le monde y croit, y compris ceux qui la nient, chacun érigeant en absolu la vérité partielle qu'il possède:

--- le relativisme proclame comme une vérité absolue que rien n'est absolu;

--- pour le nihiliste, une chose au moins est vraie: c'est que tout est faux!

--- le scientiste, lui, a foi en la science...

--- quant aux marxistes, s'ils nient la vérité en soi, c'est au nom de leur vérité à eux --- au nom du Parti ---, une vérité si transcendante à leurs yeux qu'elle exige et qu'elle justifie touts les sacrifices, y compris celui de la logique et celui de la morale individuelle! Tenez, j'ai lu récemment une de leurs affiches électorales qui commence ainsi: "L'Humanité, c'est la vérité", et qui, pour encourager les électeurs à venir aux réunions, finit par ces mots: "Prenez un rendez-vous quotidien avec la vérité." La vérité! Qu'est-ce que la vérité? C'est la question que Pilate posait au Christ et à laquelle le Christ n'a pas répondu. Eh bien! avec quinze francs par jour et des bonnes volontés impayables, on a la réponse! Avouez que c'est gentil cela, et simple, n'est-ce pas? Mais en retour, les marxistes exigent de leurs adeptes qu'ils suivent sans comprender. "Obéis d'abord, tu comprendras plus tard." Le sacrifice d'Abraham est peu de chose au prix des sacrifices qui sont demandés aujourd'hui 'a certains hommes, au prix surtout du sacrifice de ce qu'il y a de plus intime en eux: leur conscience.

Certes, cette philosophie du devenir enseigne que la vérité n'est pas, qu'elle devient, mais au nom de quoi? D'un principe qui se situe au-dessus du devenir! Tout change, sauf notre conception du changement. Tout est livré à la dialectique de l'Histoire, sauf cette dialectique elle-même, naturelmement: est-ce que le marxisme conçoit sa propre réfutation par l'Histoire? Non, cette lumière que éclaire le déroulement de l'Histoire et qui annonce la fin de l'Histoire ne peut être transcendante à l'Histoire... L'idée messianique de la Cité future, de la société sans classe où l'homme enfin désaliéné s'épanouira dans l'harmonie, cette idée se présente comme une vérité absolue. Et l'Église en qui s'incarne cette vérité revendique l'infaillibilité, autant dans la théorie que dans la praxis quotidienne: le dieu mouvant qui l'inspire est aussi exempt d'erreur que le Dieu immuable des catholiques. Et quand les faits semblent démentir la doctrine, on fait appel à la foi... On a ri des chrétins attendant la parousie, mais n'est-ce pas une parousie, toujours fuyante, que cette société sans classes et ce dépérissement de l'État dont on ne voit pas dessiner les moindres prémices?

Continua...

Fonte: "Les hommes de l'éternel" - Mame, Paris, 2012

terça-feira, 30 de abril de 2013

Reflexão - do capítulo "O eu e a alma"

O ódio implica sempre um mínimo de participação no mal. "Diz-me quem odeias, dir-te-ei quem és". O santo chora sobre o mau, não o odeia. O que nós odiamos no próximo é o nosso próprio pecado. Mas por que mecanismo? (porque não é uma lei universal, e nós podemos não odiar, nos outros, defeitos que possuímos). Precisemos: o mal que, sob a cor de virtude e indignação, nós odiamos mais nos outros, é o mal que reside em nós, não no estado manifesto e espontâneo (um libertino, por exemplo, não odeia os outros libertinos, a não ser em caso de rivalidade pessoal), mas, no estado de tentação, de perigo, é o mal contraído, recalcado, ou por timidez, impotência (é que a nossa alma, ai! não é bastante atrevida...) ou por imperativos morais suficientemente fortes para impedirem o pecado de se exteriorizar, mas demasiadamente fracos para lhe destruir as raízes no nosso coração. Ninguém, por exemplo, aborrece mais a luxúria do que as "solteironas" roídas de desejos inconfessáveis. "Vê com que olhos a virtude me detesta", diz D. João de Rostand...

A argumentação vale talvez para o ódio do mal, objectar-se-á. Mas para o ódio do bem? Aqueles que odeiam o bem (e Satanás, em primeiro lugar) não são os seres mais perversos, aqueles que não albergam em si bem algum? Responderei que a mesma lei se aplica ao ódio do bem. Os perseguidores, os sádicos, aqueles que odeiam "gratuitamente" a virtude e a santidade são maus, certamente, mas maus que trazem (ou antes, trouxeram) no coração um germe de virtude ou de santidade que eles de lá arrancaram. O espetáculo da pureza é para eles insuportável, porque lhes reaviva a ferida causada por este abortamento, porque os comprime entre o possível de ontem e o impossível de hoje. Odeia-se mais do que tudo o que se teria podido possuir e por nossa culpa se perdeu, a altura para a qual estávamos feitos e que nos desespera de jamais poder atingir. O ódio irredutível do bem procede da agonia e do desespero do bem em nós (é por excelência o caso do demônio); o sádico é um místico frustrado. A alma a quem Deus recusou toda a semente de heroísmo ou de santidade, o ser incuravelmente vulgar e medíocre (a vulgaridade, a mediocridade são talvez mais opostas ao bem supremo do que o mal) não se irrita diante dos actos dos heróis ou dos santos; as suas reações perante as formas supremas do bem são paralelas às da alma perfeitamente pura em face do mal: espanta-se e não compreende, vê nisso uma loucura que merece o riso ou a piedade, e se, no caso de fracasso, ele se torna perseguidor, é sem paixão e por motivos de conformismo social. Havia, certamente, mais possibilidades divinas (renegadas e maculadas) naqueles que crucificaram Jesus Cristo do que naqueles que o desconheceram sem o odiar. Caifás e Judas, em certo sentido, estavam mais perto de Jesus do que Pôncio Pilatos...

Fonte: "O olhar que se esquiva à luz" - Livraria Figueirinhas - Porto, 1957

sábado, 13 de abril de 2013

Prece da felicidade terrestre

O meu coração envelheceu à maneira dum véu: a usura dos dias tornou-o mais transparente e mais suave. A árida tensão, o triste oscilar da balança entre a carne e o espírito, a dor que vem a pós as vitórias da alma e o remorso que segue os triunfos dos corpo --- tudo isso não é mais do que a lembrança dum mau sonho. O meu espírito fez-se carne e esta tornou-se espírito. Sinto com o meu pensamento e penso com os meus sentidos. Não sou mais esta carne rebelde que desperta apetites contra o espírito, nem um espírito cioso que se separa da carne. Reuni as duas metades do meu ser: enfim, sou um homem!

Na embriaguez dos sentidos, encontrei a inocência, e o deslumbramento da felicidade ensinou-me a humildade. Não recusei nenhuma alegria, não repeli nenhum sofrimento --- contanto que fossem reais. Não conheço senão três inimigos --- três mentiras: o orgulho em que o eu devora a alma, a avareza que tudo quer para si e a vaidade, que se alimenta de fumo. Todos os meus amores e alegrias reuni num feixe único e jamais consentirei separar uma só espiga. Falam-me de opção e eu respondo: unidade.

Não sou cego e sei o que me espera. Ouço a moral estreita, a antiga prudência (a dos hábeis e não dos sábios, porque a loucura é para a verdadeira sabedoria o que o sal é para o mar --- como já Platão dizia) murmurar-me aos ouvidos: que farás tu, homem apanhado no visco dos prazeres efêmeros e rebelde à renúncia, quando soar a hora inevitável da prova? Que farei? --- sofrer em todo o meu ser. Não tendo sabido nem querido libertar-me, sentirei a libertação forçada: terei amanhã verdadeiros sofrimentos, como hoje tenho verdadeiras alegrias. Mas vós, cuja virtude não ousa tocar os frutos da terra, e não conheceis o agridoce sabor e o antegosto de morte e eternidade que deixam na alma, de que sereis privados quando a tempestade tiver devastado o pomar?

A vossa libertação dos bens presentes não será uma segurança contra os males futuros? O mesmo vento vos arrastará, uns e outros, mas eu, cujas raízes mergulharam na terra maternal e enganosa, sofrerei mais do que vós, que antecipadamente vos transformastes em folhas mortas. E encontrareis sempre um refúgio, um penhor, na estéril altivez da vossa virtude, que se basta a si própria, enquanto eu, separado de tudo o que amo, terei perdido todas os incentivos de viver, e o orgulho, a fidelidade a mim mesmo, não me servirão de nenhum auxílio. Então, só as mãos de Deus poderão curar a minha ferida, só o amor infinito poderá corresponder ao meu desespero.

Fonte:"O olhar que se esquiva à luz" - Livraria Figueirinhas - Porto, 1957

sexta-feira, 12 de abril de 2013

Reflexão - do capítulo "Lei para o alto e lei para baixo"

Parábola das aves do céu e dos lírios dos campos.
--- Certamente, a vida é mais alguma coisa do que o alimento, mas ela não pode subsistir sem nos alimentarmos e vestirmos. As aves do céu, "que não têm abrigo nem celeiro, e os lírios do campo, que não fiam nem tecem", sucumbem quando o rigor do Inverno suspende os benefícios da Providência. "Vosso Pai sabe aquilo de que necessitais". Mas apraz a Deus desviar o curso natural das coisas para satisfazer as necessidades dos seus eleitos? O mesmo sol e a mesma chuva não incidem igualmente sobre os justo e os pecadores? Estas objeções aumentam de peso, se pensarmos que os mesmos lábio divinos, que exprimem aqui a fé nas solicitudes temporais da Providência (os cabelos da vossa cabeça são contados... tudo o mais vos será dado por acréscimo...) deixarão cair mais tarde este grito desesperado: "Meu Pai, por que me abandonaste?" É mister pensar também que, se este "acréscimo" temporal prometido por Cristo fosse a recompensa automática do abandono à Providência, tal abandono perderia todo o seu valor sobrenatural e não seria mais que subterfúgio desta providência terrestre que Cristo condenou.

As palavras de Cristo significam apenas isso: não tenhais apego aos bens deste mundo e, se assim procederdes, tereis tanta probabilidade de os alcançardes como se fizésseis toda a diligência em adquiri-los, pois que o nosso destino, mesmo temporal, não depende exclusivamente dos nossos esforços ou nossa previdência, e o excesso de solicitude leva-nos muitas vezes ao revés como o excesso de negligência.

Por conseguinte, se deveis morrer, como as aves do céu e os lírios dos campos, nos dias de Inverno, que importa este acidente, visto que por vossa confiança tereis amontoado um tesouro inesgotável no céu? Esta última palavra é a chave da parábola. Por maiores que sejam os tesouros acumulados pela prudência carnal, todos eles se esgotam e frequentes vezes a nossa própria vida acaba antes. Um pouco mais cedo, um pouco mais tarde, que importa? De que valem dias finitos e bens caducos? O Evangelho ensina-nos a arte de viver acima do tempo (e esta vida não depende do sustento e do vestuário) e não a arte de nos prolongarmos no tempo.

Fonte: "O olhar que se esquiva à luz - Livraria Figueirinhas - Porto, 1957

sábado, 30 de março de 2013

La idolatría del placer


LA IDOLATRÍA DEL PLACER, UN CALLEJÓN SIN SALIDA

Un lector me reprocha que insista demasiado en las nociones de deber, de esfuerzo, de disciplina, y que no preste suficiente atención al placer. Para mí, afirma, la existencia más deseable es la que comporta el máximo de placeres y el mínimo de penas. Le he respondido que yo era de la misma opinión, aunque había que aclarar el tema con algunas precisiones.

EL PLACER ES MEDIO, NO FIN

En primer lugar, ¿qué es el placer? Sin entrar en la distinción entre placer, alegría, dicha, etc., atengámonos a la excelente definición de un diccionario: “estado afectivo agradable, unido a la satisfacción de un deseo o de una tendencia, al ejercicio armonioso de una actividad ”. Hay, pues, tantos placeres como deseos, tendencias y actividades: placeres de los sentidos, placeres del alma, placeres del espíritu. Y una jerarquía en esta diversidad. ¿Quién negará que el placer de contemplar un bello paisaje o de ejercer una actividad creadora es cualitativamente superior al placer de comer? Pero, dados los límites del ser humano, esta jerarquía de valores implica necesariamente disyuntivas y exclusiones. Entre dos placeres que se ofrecen a la vez (por ejemplo, asistir a un espectáculo divertido, pero insustancial, o pasar la velada con un amigo muy querido), es preferible elegir el más profundo y enriquecedor. Pero hay que ir más lejos. El placer es la resonancia subjetiva de la acción, pero no es su principio, ni su fin, y nunca debe ser la única guía de la conducta. El hombre ha nacido para realizar su naturaleza y no para disfrutar a toda costa y en cualquier circunstancia. El fin de la nutrición es la conservación de la vida y no el placer de comer (se come para vivir, no se vive para comer); el fin del amor sexual no es la voluptuosidad ligada a la unión carnal, sino, de una parte la procreación y, de otra, la fusión entre dos destinos, unidos “para las alegrías y para las penas”. El fin de la actividad intelectual no es el placer de conocer, sino el desarrollo del espíritu por la posesión de la verdad. El placer viene dado gratuitamente, por añadidura. Hay que acogerlo como un don y no exigirlo como una deuda.

EL HEDONISMO DESVIRTÚA EL PLACER

Lo que reprocho al hedonismo no es que prefiera el placer al sufrimiento, sino que lo aísle, que lo desvirtúe y que, al separarlo de su fin y de su contexto —el esfuerzo, la lucha, la entrega, el deber moral y social—, produzca resultados diametralmente opuestos al fin buscado. Lo que resumo en dos puntos.

1. La idolatría del placer conduce casi siempre a sus víctimas a sacrificar los placeres más nobles a los más mediocres, si no a los más bajos. El lenguaje corriente no se equivoca: cuando se habla de un hombre “entregado al placer”, a nadie se le ocurre pensar que este hombre se dedica a los goces del alma o del espíritu. ¿Por qué? Porque los placeres inferiores se ofrecen de inmediato y sin esfuerzo, mientras que los placeres superiores exigen una preparación, un aprendizaje, etapas de maduración y de espera, cosas que no proporcionan necesariamente placer. El niño al que se le lleva por primera vez a la escuela, raramente va de buena gana: será más tarde cuando descubrirá los goces de la cultura. Los placeres más elevados y más duraderos son placeres diferidos: el trabajo, la disciplina, la victoria sobre uno mismo, juegan ahí el mismo papel que las inversiones en economía: la adquisición y la puesta en marcha de los medios de producción preceden a la difusión de los bienes de consumo.

RUTINA INSÍPIDA

2. El esclavo del placer compromete también los placeres sensibles a los cuales sacrifica todos los otros. Pues quien desea con avidez goces continuos desconoce la ley de alternancias y contrastes que rige la intensidad y la cualidad de nuestras alegrías sensibles. El desagrado de tener hambre agudiza el placer de comer, el rigor del frío hacer apreciar un buen fuego, la fatiga del trabajo alimenta las delicias del descanso. Todo placer responde a la satisfacción de una necesidad, y si ésta no ha llegado a madurar, también su satisfacción se frustra. De ahí el efecto negativo de un confort total y permanente, en donde el bienestar es tan habitual que deja de ser percibido. Se pretende entonces huir del aburrimiento multiplicando y falsificando los placeres, pero el hastío reaparece, agravado e incurable, en el fondo del placer, que se ha convertido en rutina insípida y en vana tentativa de evasión. El lúgubre testimonio de tantas vidas vacías y blandas es más elocuente que las palabras. Esta es la contradicción interna en la que desemboca la religión del placer. Al buscar éste sin tener en cuenta sus condiciones y sus causas, el placer se marchita antes de tiempo como una flor privada de sus raíces, de forma que el hombre, mutilado en su esencia y en su fin, acaba por frustrar su vida.

Fonte: "Aceprensa" 9 de Abril de 1975. [Texto extraído do site: "Una Mujer, Una Voz" : http://unamujerunavoz.org/idolatria-del-placer/]

Réflexion

Conversation avec J. et Mère M.D. à propôs de l'abandon du costume religieux. --- "L'habit ne fait pas le moine", je le sais. Mais qu'est-ce qui fait le moine? La vocation spirituelle dont l'habit est le signe extérieur. Alors, pourquoi séparer le signe su signifié? Um soldat sans uniforme sera-t-il plus discipline et plus courageux? Ne pas oublier que l'habit, les disciplines, les rites sont des apparences sensibles dont la fonction est de nous rappeler la réalité invisible de la vocation. Une vocation où se mêlent la plupart du temps des éléments psychologiques aussi superficiels et beaucoup plus inconsistants que les signes extérieurs. Il y a, dans la volonté de se défaire de ces derniers, la conviction que le psychologique suffit à étayer le spirituel. Plus encore: on confond le spirituel et le psychologique. Alors qu'il y a plus de réalité, de densité, de continuité --- et, em fin de compte, plus d'ame --- dans l'habit du moine que dans le états d'âme du moine! L'habit protege le moine contre lui-même --- contre ses humeurs, ses passions et ses illusions. Comme le spirituel --- avec cette différence que son influence s'exerce du dehors au dedans --- il rappelle l'homme à l'universel. Il rend, à as manière, témoignage à l'Esprit. C'est un miroir. Que le témoignage puisse tourner à l'alibi et le miroir se changer en masque, c'est bien certain. Mais le psychologique ne fabrique-t-il pas sans cesse des álibis plus substantiels et des masques plus trompeurs?
(C. XL. --- 26.10.68)

Fonte: "Parodies et mirages ou La décadence d'um monde Chrétien" - Éditions du Rocher, 2011

sexta-feira, 1 de fevereiro de 2013

Convidada: Simone Weil


En 1938 pasé días en Solesmes, del domingo de Ramos al martes de Pascua, siguiendo los oficios. Tenía intensos dolores de cabeza y cada sonido me dañaba como si fuera un golpe; un esfuerzo extremo de atencíon me permitía salir de esta carne miserable, dejarla sufrir sola, abandonada en su rincón, y encontrar una alegría pura y perfecta en la insólita belleza del canto y las palabras. Esta experiencia me permitío comprender mejor, por anología, la posibilidad de amar el amor divino a través de la desdicha. Evidentemente, en el transcurso de estos oficios, el pensamiento de la pasión de Cristo entró en mí de una vez y para siempre.

Se encontraba allí un joven católico inglés que me transmitío por vez primeira la idea de la virtud sobrenatural de los sacramentos, mediante el resplandor verdaderamente angélico de que parecía revestido después de haber comulgado. El azar --- pues siempre he preferido decir azar y no providencia --- hizo que aquel joven resultara para mí un verdadero mensajero. Me dio a conocer la existencia de los llamados poetas metafísicos de la Inglaterra del siglo XVII y, más tarde, leyéndolos, descubrí el poema del que ya le leí una traducción, por desgracia muy insuficiente, y que lleva por título amor. Lo he aprendido de memoria y a menudo, en el momento culminante de las violentas crisis de dolor de cabeza, me he dedicado a recitarlo poniendo en él toda mi atencíon y abriendo mi alma a la ternura que encierra. Creía repetirlo solamente como se repite un hermoso poema, pero, sin que yo lo supiera, esa recitación tenía la virtud de una oración. Fue en el curso de una de esas recitaciones, como ya le he narrado, cuando Cristo mismo descendió y me tomó.

He aquí el poema en una traducción que me han hecho:

El amor me acogió, más mi alma se apartaba,
culpable de polvo y de pecado.
Pero el Amor que todo lo ve, observando
mi entrada vacilante
se acercó hasta mí, diciéndome con dulzura:
¿Yo, el malvado, el ingrato? ¡Ah, mi amado!
yo no puedo mirarte.
El Amor tomó mi mano y replicó sonriente:
¿quién ha hecho esos ojos sino yo?
Es cierto, señor, pero yo los ensucié; que mi vergüenza
vaya donde se merece.
¿Y no sabes, dijo el Amor, quién ha tomado sobre si la culpa?
¡Mi amado! Entonces, podré quedarme
Siéntate, dijo el Amor, y degusta mis manjares.
Así que me senté y comí.

Fonte: "A la espera de Dios" (1942)

O autor do poema "Love" é George Herbert (1593-1633).
Poema original:
Love bade me welcome; yet my soul drew back,
Guiltie of dust and sin.
But quick-ey'd Love, observing me grow slack
From my first entrance in,
Drew nearer to me, sweetly questioning
If I lack'd anything.
A guest, I answer'd, worthy to be here.
Love said, You shall be he.
I, the unkinde, ungrateful? Ah, my deare,
I cannot look on thee.
Love took my hand and smiling did reply:
Who made the eyes but I?
Truth, Lord; but I have marr'd them; let my shame
Go where it doth deserve.
And know you not, says Love; who bore the blame?
My deare, then I will serve.
You must sit down, says Love, and taste my meat.
So I did sit and eat.