sábado, 20 de fevereiro de 2010

Optimisme ou pessimisme?

J'ai parlé, la semaine dernière (24 septembre), de la part du mal dans le monde.

L'autre jour, à New-York, après un exposé sur ce problème, un auditeur m'a demandé à brûle-pour-point: "Finalement, êtes-vous optimiste ou pessimiste?"

J'ai répondu que cette question n'avait aucun sens et qu'il ne s'agissait pas d'être optimiste ou pessimiste a priori, mais de voir le bien ou le mal là où ils sont et tels qu'ils sont et surtout de travailler à vaincre le mal par le bien.

Car il y a un optimisme et un pessimisme aussi vulgaires et irréfléchis l'un que l'autre, qui consistent à juger le monde d'après nos humeurs ou notre situation du moment. Tant qu'on est heureux, on voit tout en rose, et dès que surgit la moindre contrariété, on voit tout en noir. C'est dans ce sens que Bernanos disait que l'optimiste est un imbécile gai et le pessimiste un imbécile triste.

Ces deux erreurs opposées procèdent de la même absence de lucidité et du même penchant à tout rapporter à soi-même. Et c'est pour cela qu'elles se succèdent si facilement chez le même individu. J'ai connu un homme qui jouit longtemps d'une magnifique santé et dont les affaires marchaient à merveille. "La vie est belle", proclamait-il à chaque instant. Tous les malades lui paraissaient des gémisseurs et tous les malheureux des incapables. Mais le jour vint où il connut à son tour la maladie et les difficultés matérialles. Il sombra alors dans un pessimisme absolu, répétant sans cesse que le monde est mauvais et que la vie ne vaut pas peine d'être vécue.

Ce changement d'optique s'explique sans peine. L'homme qui, incrusté dans son bonheur personnel, reste aveugle et insensible aux maux des autres, se trouve le plus démuni à l'heure où l'épreuve s'abat sur lui: il devient tour entier la proie de ce mal qu'il n'avait su ni voir ni prévoir.

Ainsi après avoir été aveuglé par le bonheur au point de ne plus voir le mal qui l'entoure, l'homme est aveuglé par le malheur jusqu'à ne plus voir les biens qui lui restent. Car il n'y a pas ici-bas de mal absolu: quelle que soit notre épreuve, nous conservons toujours quelque chose---soit la santé physique, soit quelques ressources metérielles, soit l'affection de nos proches et, si nous avons tout perdu, l'espérance en Dieu et en la vie éternelle.

N'oublions pas en effect que notre paix intérieure dépend moins des événements eux-mêmes, que de notre interprétation des événements, suivant l'accueil que nous lui faisons, la pire catastrophe peut être pour nous une cause de désespoir comme un motif d'espérance. Je pense ici à deux hommes de ma région qui, pendant la dernière guerre, furent envoyés dans le même camp de concentration. L'un était croyant et l'autre athée. Le premier, découragé par l'épreuve, y perdit la foi; le second, éclairé par la souffrance, revint à la religion. L'événement était différent.

C'est dans cette ligne que se dénoue le faux problème de l'optimisme et du pessimisme. Il est également absurde de dire que tout va bien ou que tout va mal: ce qui nous est demandé, c'est de lutter sans relâche pour que tout aille mieux.

Fonte: Revista "Itinéraires" (Billets, 1er octobre 1976)

Observação: Uma excelente tradução desse texto para o espanhol pode ser encontrada no blog "sol y escudo". Recomendo esse blog pela qualidade dos textos e pelos comentários saborosos da autora, uma grande admiradora de Gustave Thibon.