Pourquoi sommes-nous si sévères envers l'être aimé qui déçoit ou trahit? (alors que nous savons bien que nous ne valons pas mieux qui lui...) Précisément parce que nous lui demandions d'être en réalité ce que nous ne sommes qu'en rêve: véridique, désintéressé, fidèle, etc. --- Ce rêve incarné par un être qui ne fait qu'un avec nous étanche à bon compte notre soif de perfection et rachète, absout nos faiblesses: qu'importe notre misère puis-qu'elle est compensée par la richesse d'un autre nous-même? Celui comble notre égoïsme par sa cocilité et l'efface en même temps par des qualités que notre esprit possessif s'attribue spontanément! --- Aussi, quel désastre le jour de la déception: trahis dans notre volonté de puissance autant que dans notre désir de perfection, nous n'avons plus de tapis sous nos pieds,et plus d'étoile sur notre tête! Et tout l'univers s'écroule sur nous parce que nous n'avons jamais songé à construire sur le seul terrain qui nous appartienne: nous-mêmes. --- Toutes les fois que l'homme s'écrire: "Vertu, tu n'es qu'un nom!" c'est sur la misère des autres --- jamais sur la sienne --- qu'il s'exclame... (C. XXXVIII)
Fonte: "Aux ailes de la lettre" - Éditions du Rocher
Fonte: "Aux ailes de la lettre" - Éditions du Rocher